LE DÉLINQUANT À LA RECHERCHE DE SON DIEU - AUGUSTIN LE MAGHREBIN
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III - UNE MÈRE BERBÈRE.
Cela peut-il être ce qui, aujourd'hui au temps de notre modernité, semble ne plus être ?
Une telle interrogation pourrait bien être celle de ce fils de l'empire romain qui a vécu au Ve siècle sur les chemins de Rome bercé par de mélodies berbères à Thagaste, tout à l'est de la Numidie. Une mère de ce temps lointain ne pourra certainement plus enrichir nos connaissances actuelles d'une civilisation tellement avancée, Cette affirmation paraît tout à fait justifiée.
Mais laissons la parole à son fils Augustin , cet observateur lucide, sincère, cette chair humaine, certainement belle, vivante, de laquelle une mère n'arrivera jamais à s'arracher , lui, toujours arrimé dans son regard, elle, toujours à la recherche d'une vie égarée sur des chemins dangereux. Elle, toujours soucieuse, préoccupée. Une mère tout amour.
" Elle aimait en effet à la manière des mères, mais bien plus fort que bien d'autres " - ( Confessions - Augustin )''
Pourtant que de soucis, que de peines, que de peurs pour un garçon ivre de liberté, de curiosités charnelles " épris d'une liberté d'esclave fugitif. " - ( Confessions )
LUI, esclave des biens nourriciers de la chair que lui offrait la générosité d'un empire tout puissant mais qui chancelait. Fugitif, pour chercher ailleurs, peut être dans un passé de révolte évoqué par des lectures passionnées. Épris d'une liberté imprenable. ELLE, la maman conciliante, patiente, conseillère d'éducation, porteuse du message chrétien libérateur. Présente! Sans arrêt à l'affût de la séparation définitive.
Ce jour là " Le vent fraîchit, il gonfla nos voiles et nous ôta la vue du rivage où elle était au matin, folle de douleur. Ses plaintes, son gémissement te rabattaient les oreilles mais tu en faisais fi " (Confessions à son Dieu - Augustin )
Fi, pour peu de temps seulement!
" Jointe à nous, ma mère avec ses façons d'agir féminines et sa foi virile et son sans-souci de vieille et sa tendresse de mère et sa dévotion de chrétienne. "
Et l'incroyable résistance à ce qui pouvait paraître inévitable! Et aussi les restes d'une culture ancestrale que le fils observait avec un certain amusement la voyant porter son flacon de vin et quelques friandises aux chers défunts.
" Un jour qu'elle avait, selon la coutume d'Afrique, apporté aux tombeaux des saints de la bouillie, du pain et du vin, le portier mit le holà. . . Elle au contraire, quand elle apportait son panier avec les mets rituels , dont, quand elle y aurait goûté, elle offrirait, ne mettait pour en faire des politesses , pas plus d'une petite coupe, trempée à l'agrément de son palais plutôt frugal. " ( Confessions)
Une maman berbère, libre, engagée dans un destin inédit aux portes de Milan et de Rome d'une ère nouvelle.
" Nous étions debout accoudés contre une fenêtre, d'où l'on découvrait le jardin enclos dans notre logis. C'était auprès d'Ostie sur le Tibre. . . . Voici ce qu'elle m'a dit:- Quant à moi, mon fils, la vie présente n'a plus rien par quoi me retenir. Qu'est-ce que je fais encore ici-bas? Pourquoi suis-je encore ici-bas? -
Et elle s'en alla heureuse sans faire trop de bruit;
G.K. - Le 19/01/021 > > > A SUIVRE : Le 3/02/021 - HIER - AUJOURD'HUI
